Du microcosme au macrocosme, les lichens nous renvoient l’image d’un va-et-vient ontologique, « l’autre » est au cœur de ce qui fait vivre.
Le lichen est un être multiple, il résulte de l’association symbiotique de partenaires, généralement une algue et un champignon. Il expose simultanément deux niveaux d’organisation qui interrogent et questionnent la notion d’individu.
Mes recherches sur l’écologie, dans le sens de oikos logos, science de l’habitat et des interactions des êtres vivants entre eux et avec leur milieu, m’amènent à poser mon regard sur des mondes cachés. Ce que nous percevons à l’échelle macroscopique devient autre chose à l’échelle des nanotechnologies et pourtant nous regardons d’un même œil. Quelles relations peut-on percevoir dans ce passage d’un monde à l’autre ? La dimension moléculaire nous amène à reconsidérer la notion d’individu. À l’origine de la vie végétale terrestre et de toute forme organique se trouverait un processus mutualiste, la symbiose.
Chez les lichens, alors que cette dernière est complète et que les deux structures s’exposent de façon séparée sous l’œil du microscope, que la nature autorise chacun des deux individus à se reproduire séparément, le processus ne présente qu’une vision unitaire. Dans ces conditions l’un a une identité complexe, multiple et une à la fois.
La symbiose engage des possibles qui ne sont pas prédéterminés ni calculés. Comme le souligne Anna Lowenhaupt Tsing, dans son livre Le champignon de la fin du monde, « les agencements sont des rassemblements toujours ouverts. Ils nous permettent de nous interroger sur des effets de communauté sans avoir à les assumer. […] Les agencements ne mettent pas seulement ensemble des modes de vie ; ils en fabriquent. »
COMMISSAIRE
Jean-Marie Dallet
ARTISTE
Pascale Gadon-González
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